(m) ANTON LISIN x on avait rien l'un sans l'autre.

« Clyde putain, c'est quoi ce bordel ? Qu'est ce que t'as encore foutu !? » Valentin venait de pénétrer dans la chambre. J'essayais de comprendre ce qu'il me reprochait, regardant autour de moi. A priori, tout avait l'air normal, mais mon corps en triste équilibre sur le lit et ma tête pendante dans le vide ne laissait rien présagé de bon. Je tentais tant bien que mal de me redresser mais cela me paraissait irréalisable, c'était comme si j'étais bloqué. Tentant de mobiliser mes neurones, je compris bien vite que mes mains étaient liées par une corde, attachées dans mon dos. Je commençais vraiment à me demander ce qui m'avait conduit jusqu'à cette position compromettante. « J'sais pas. J'suis où là déjà ? » Valentin était à la fois circonspect et amusé. Il ne tarda d'ailleurs pas à laisser échapper un rire bruyant. « T'as vraiment l'air trop con. » Et je ris de bon cœur avec lui. « On est à la soirée de Gwen, et là t'es dans sa chambre, et visiblement quelqu'un en veut à ton corps, ou alors tu t'es fait ça tout seul, mais vu ton état, j'en doute vraiment fort. » Et nous rions à nouveau. Valentin, c'était mon meilleur ami depuis la nuit des temps, on avait été séparés, bien sur, durant les années où j'avais voyagé avec ma mère, mais depuis que j'étais revenu, il y a un peu plus de cinq ans, nous étions à nouveau comme larrons en foire. J'enviais parfois les filles et leurs amitiés, elles pouvaient se donner à fond, se plonger dans la vie les unes des autres, et se montrer ouvertement l'amour qu'elles se portaient. Au lycée, entre gars, c'était différent, on se bataillait, on se tapait le dos de temps en temps, mais on évitait de se confier sur nos vies, ou sur des choses qui nous touchaient de trop près. Mais avec Valentin, c'était différent, il connaissait tout de moi, dans les moindres détails, et nous n'avions pas besoin de l'humour pour parler de choses sérieuses. J'avais vu Valentin dans tous ses états, et c'était comme un deuxième frère pour moi. « Bon, bouge toi et détache moi là, tu vas quand même pas me laisser comme ça ! » Je le vis sourire, attraper mon appareil photo que j'avais laissé sur la table de nuit derrière moi et me dire, avec un rictus malicieux dessinant ses lèvres : « Cheeeese ! » On n'a jamais su pourquoi je m'étais retrouvé attaché sur ce lit, parfois on rigole en se disant que ce n'est peut-être pas plus mal de rester dans l'ignorance. Mais cette photo fut la première d'une longue série, qui nous permet d'alimenter un album photo qui retrace les situations les plus étranges dans lesquels on s'est tous les deux fourrés, et dieu seul sait s'il en existe. Des tas.