MARNY ☆ YOU MAY KISS YOUR BRIDE

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   you slept your night now it's morning time
don't you cry and don't be blue
wakin' up is hard to do...
   crédit@tumblr — crédit@neilsedaka

☆ ☆ ☆  « Marvelle, mon ange, puis-je savoir pourquoi mon attaché de presse vient de m’apprendre que ma fille unique avait fait d’une stagiaire, de surcroit une inconnue, une femme honnête, la nuit dernière ? » Non. No. Niet. Nada. Que dale. Elle ne s'était pas mariée cette nuit. Telles étaient les pensées qui tournaient en boucle dans l'esprit de Marvelle depuis l'appel de son père. La journée n'allait pas tarder à tirer à sa fin, l'astre solaire ayant d'ores et déjà entamé sa descente et pourtant, tout ne faisait que commencer pour la jeune héritière qui tournait actuellement entre les murs de sa suite tel un lion en cage. Elle n'avait pas pris ses médicaments et ses capacités de réflexion en pâtissaient, ne faisant qu'augmenter son désarroi. Suite à la longue conversation qu'elle avait entretenu avec son paternel, elle était restée un moment persuadée qu'il ne s'agissait là que d'un mauvais rêve, dont elle se réveillerait légèrement nauséeuse mais, soulagée. Or lorsque quelques minutes plus tard, son assistante était entrée sans s'annoncer et la crinière en bataille, elle avait dû se résoudre à l'idée qu'elle ne cauchemardait pas... Ce pour mieux s'enfoncer dans une autre sorte de déni. D'un geste de la main, elle avait fait taire les piaillements de Beth avant que son regard ne se pose sur l'étrange objet qui ornait sa main. Une bague en plastique verte, tout simplement immonde et particulièrement ridicule. Mais, ce qui parvint à retenir sa - très - volatile attention fut plus certainement l'absence d'un autre bijou à ce même emplacement. Elle pâlit violemment en imaginant le saphir de sa grand-mère perdue sur le sol d'une boîte de nuit miteuse... ou pire, au fond de la tuyauterie d'un quelconque toilette. Elle n'eut cependant pas le temps de se lancer à sa recherche - ou de fondre en larmes - que Beth l'obligeait à filer sous la douche, pestant contre un soi-disant relent d'alcool. Marvelle s’exécuta ensuite comme un automate, se rendant présentable avec une dextérité moindre et des gestes tremblants mais, qui eurent le mérite de lui rendre un visage plus humain - selon les dires de son assistante. Lorsqu'elle fut assurée que la jeune femme ne ferait rien de stupide, tel que sortir de sa chambre ou même prendre l'air sur sa petite terrasse privée, cette dernière quitta le logement et lui certifiant qu'elle reviendrait dans quelques minutes avec les derniers éléments de son plan d'action. Trop nerveuse pour seulement s'interroger sur la nature exacte de ce fameux "plan", elle commença à fouiller la suite de manière désordonnée, espérant voir réapparaître l'objet de ses pensées. Son esprit lui reportant par vagues les informations de son début d'après-midi et de la nuit passée - bien moins nombreuses, il fallait l'avouer. Elle était mariée. Il fallait qu'elle retrouve cette foutue bague. A une femme. Sa mère allait la tuer. Une inconnue. Sa grand-mère l'enverrait directement en enfer. Elle avait posté une photo de leurs mains liées, anneaux aux doigts sur Instagram. Anneaux aux doigts? Serait-ce possible? Elle n'eut cependant pas le temps de poursuivre sa réflexion. La porte d'entrée s'ouvrit de nouveau à la volée sur une Beth semble-t-il encore plus échevelée que précédemment. « Dépêches-toi un peu! On a pas toute la nuit! », l'entendit-elle vociférer dans l'entrée. Oubliant un bref instant sa chère disparue, elle sortit de la salle de bain où elle avait abouti, pour accueillir ses invités - enfin façon de parler. Elle resta hébétée, les bras ballants en apercevant la jeune femme qui accompagnait désormais son assistante. Elle était dans un sale état. « Ce n'est pas parce que le ciel me tombe sur la tête que tu es obligée de violenter tes stagiaires, tu sais? », lâcha-t-elle à l'adresse de la trentenaire. L'interpelé sortit brutalement la tête du sac dans lequel elle fouillait depuis quelques instant pour mieux la fusiller du regard. Waouh. « Ce n'est pas le résultat de ma violence mais, bien de la tienne, Madame McNally! » Qui ça?

☆ ☆ ☆  McNally. Ce nom ne trouvait aucun écho dans sa mémoire, même lointaine. Pas plus que les traits de la jeune femme, aussi fut-elle davantage désappointée en réalisant qu'elle avait joué insouciamment avec sa vie à un tel point qu'elle s'était véritablement unie au premier lambda qu'elle avait croisé - et qui fut dans un état suffisamment similaire au sien pour accepter sans broncher une telle idée. Elle laissa son regard glisser rapidement sur la silhouette de "sa femme". Celle-ci n'était pas laide en soit. Elle manquait cruellement de style et le mot "classe" ne faisait probablement pas partie de son vocabulaire mais, après quelques... de nombreux arrangements, elle n'aurait peut-être pas si honte que cela à devoir s'afficher avec elle en public. Non mais, de quoi elle parlait? Il fallait qu'elle trouve un moyen de se débarrasser d'elle! Et de Beth! Elle avait une bague a retrouver, c'était une question de vie ou de mort... Si elle devait voir le point positif, son père serait heureux de savoir qu'elle conserverait ses glorieux initiales : "M.M." ... Il fallait qu'elle trouve un instant pour prendre son adderall. Adderall. Adderall. « On peut peut-être divorcer ? » Saphir. Saphir. Saphir! Elle avait sa bague! Cette chiffonnière portait la bague de sa grand-mère. Elle n'aurait pas à fouiller ses toilettes. Sa mère ne la tuerait pas... pour ça. Le résultat d'un tel bijou accordé à sa tenue était définitivement "bling bling". Ne manquait plus que Lil Jon pour parfaire le décor. Est-ce que cette nana écoutait du rap? Peut-être du hip-hop? « Hors de question, le divorce ou même l’annulation est hors de propos. On a trois heures pour trouver quelque chose, n’importe quoi sur comment votre idylle a commencé, comment vous avez fini par tomber amoureuses et comment vous en êtes arrivé à vous marier en secret. Ginny, qu’est ce qu’ils vont trouver sur toi ? », claqua la voix de Beth alors qu'elle allumait sa tablette numérique. « Ma bague. », s'exclama Marvelle en fixant l'objet avec émerveillement. Sans y réfléchir, elle s'approcha de la stagiaire et la serra dans ses bras de la même manière qu'elle l'aurait fait si elle venait tout juste de prendre une balle à sa place. L'étreinte fut néanmoins brève car, elle s'empara presque aussitôt des mains de sa vis-à-vis pour admirait la pierre, qui ne semblait pas avoir souffert des circonstances, à son grand soulagement. Elle n'entendit pas son assistante soupirer et s'éloigner pour rejoindre la salle de bain, ou elle savait que le traitement de l'héritière se trouvait. Relevant un regard émue qu'elle ancra dans celui de Ginny, Marvelle lui sourit de toutes ses dents avant de demander avec enthousiasme : « Allez maintenant dis-moi que tu as un casier judiciaire ou un antécédent psychiatrique dont les services secrets ne seraient pas au courant et qui obligera mon père a accepter l'annulation de cette mascarade? » Elle accompagna ses paroles d'une pression affectueuse de ses mains qui tenaient toujours celles de l'autre jeune femme et fut soudainement déstabilisée par un flash. Un souvenir qui lui fit écarquiller les yeux. Elles se tenaient dans cette même position devant un hôtel. La coqueluche du peuple américain riait à gorge déployée, tout comme sa compagne. Puis, mu d'une quelconque envie, elle se vît attraper sa nouvelle épouse par la nuque et écraser ses lèvres sur les siennes sans véritable douceur avant de s'en emparer avec plus de dextérité. Marvelle cligna des paupières à plusieurs reprises, hébétée face à ce dont elle venait de se remémorer.